Journal intime de

Ellen May Wharton

Journaliste

Je ne sais pas pourquoi je n'ai jamais eu de journal intime, même lorsque j'étais enfant. Je n'ai que 24 ans aujourd'hui, mais peut être que l'exil m'amène à coucher sur le papier le récit de mes aventures.

Je suis ce que les hommes appellent un "joli brin de fille", ce qui leur évite de remarquer que je suis plus cultivée qu'eux Instruction [EXCELLENT[¨]]. J'ai les yeux bleus comme le ciel du Sussex, des chevaux blonds, et une taille tout à fait acceptable. Attraction [EXCELLENT[©]].

J'exerce le noble métier de journaliste, mon oncle m'ayant trouvé un poste de stagiaire il y a deux ans à l'Evening Standard. J'ai rapidement été engagée parce que je cherchais des choses à raconter, les racontais plutôt bien, et surtout vérifiait mes informations ; je ne me contente pas d'un ragot où d'un "on m'a dit que"… Courage [BON[©]]. Toujours est-il qu'un jour un ami m'a conseillé d'aller faire un reportage sur les conditions de vie des ouvriers des usines Pickford, au nord de Londres. Je découvrais alors le creux de l'Angleterre, l'enfer de Dante au pays de Shakespeare. Des enfants travaillant dans des conditions effroyables, la maladie, la mort à trente ans, tout cela au nom de la révolution industrielle qui devait, selon les éditoriaux de mes collègues apporter "prospérité et confort" pour le siècle à venir… Je rédigeais mon article, qui parut au creux de l'été. Quand le rédacteur en chef, en congés dans le sud de la France, le lut avec deux jours de retard, il manqua de peu l'évanouissement ! Il faut dire que les Pickford possède une belle part de l'Evening Standard, et que Sa majesté Victoria elle même avait lu mon article et paraît-il s'en était ému ! Toujours est il qu'on me proposa rapidement un poste de correspondant permanent à Munich, et me voilà ici. Je donne des cours de Littérature anglaise à l'Université, j'écris quelques articles pour le Standard… et je me suis fait des amis, et finalement la vie en Bavière est bien douce, grâce au monarque éclairé qu'est Ludwig. Un peu fou, certes, mais cultivé, brillant et… démocrate. Mon meilleur ami est Myst, un héros de la Guerre. Il a inventé une sorte d'engin de navigation qui a permis la victoire finale. C'est ce qu'il raconte, mais vu ses relations, c'est probablement vrai. Les nains mentent rarement de toutes façons… J'ai aussi une jeune amie, Renata, une pauvre fille désargentée qui poursuit des études, et qui est l'une de mes élèves de littérature anglaise à l'Université de Munich. C'est une fille gentille, mais un peu extrême, idéaliste et qui voit des ennemis partout. J'essaie de lui faire voir le bon côté de la vie, mais je crois qu'elle a eu une enfance très difficile…

J'ai oublié de te dire un secret, cher journal. Lorsque j'étais enfant, j'avais une grande tante qui faisait tourner les tables et prédisait ainsi l'avenir. Elle m'avait dit: "Toi, tu pourrais me remplacer, tu as du fluide". J'ai depuis compris ce que cela signifiait. Mes dons ne se sont vraiment révélés qu'ici. Un jour, à un Bal, j'"entendis" dans ma tête des compliments flatteurs mais légèrement grivois. Je crus d'abord à une fatigue passagère, à un corset trop serré, et puis il vint me parler. Volotan était un jeune homme riche, mais aussi un thaumaturge, membre des Illuminés de Bavière. Cet ordre a pour but le progrès des sciences occultes, dans le bien de l'humanité. Il me proposa de m'initier. Nous devînmes amants. C'est un garçon charmant, bien qu'un peu crâneur ! Depuis, j'apprends à tramer les nœuds d'énergie qui gouvernent le monde, et à utiliser mes dons. Des dons qui sont en chacun de nous, mais que nous ne savons pas utiliser. Sorcellerie [BON[¨]].

SANTE : 6 POINTS

 

Le Début de l'Aventure

Quand Ernst von Musil, Ministre des Affaires Etrangères Bavaroises, m'a proposé d'accueillir la Princesse Carlotta de Prusse, j'ai sauté sur l'occasion ! Pour une fois que j'avais un vrai papier à faire pour le Standard, au lieu des sempiternels compte-rendus de bals, et autres notices nécrologiques ! J'ai réservé immédiatement un train pour Bayreuth. Et j'ai décidé d'inviter François. Je suis sûr qu'il sera comme un coq devant Carlotta, qui, à en croire la rumeur, est fort jolie. J'ai aussi emmené Renata, même si elle n'aime guère Volotan, pour essayer de la sortir de ses débats politiques interminables qui ont plutôt l'air de la déprimer. Elle a finalement accepté.

Mes Notes

- à l'annulaire droit : ma bague de l'Ordre des Illuminés de Bavière (ornée symboliquement d'un œil dans une pyramide)